Le Danube de la source à Budapest par l’Eurovélo 6

Le Danube de la source à Budapest par l’Eurovélo 6

Le Danube de la source à Budapest

par l’Eurovélo 6

(septembre 2012)

L’Eurovélo 6

Les Eurovélos ou véloroutes  sont des itinéraires européens destinés à encourager  les échanges culturels à l’intérieur de l’Europe ; ils ont été dessinés dans un souci d’efficacité sans rechercher  la performance sportive, ce qui ne signifie pas qu’ils soient toujours exempts de difficulté.

L’Eurovélo 6 ou véloroute des fleuves conduit les cyclotouristes de l’Atlantique (St Brévin les Pins) à la Mer Noire en suivant la Loire, la Saône, le Doubs, le Rhin et le Danube par des pistes et de petites routes dotées d’un balisage spécifique. Le tronçon qui va d’Ingolstadt à Vienne, le plus anciennement réalisé, est aussi le plus fréquenté ; autant dire que c’est probablement l’endroit du monde où la concentration de cyclo-voyageurs « sacochards » est la plus importante… en plein été. Pas en septembre, j’en témoigne !

Amitié franco-allemande en action

Jacques et moi, nous avons commencé l’Eurovélo 6 en septembre 2010, par la remontée de la Loire. Nous avons continué l’année suivante : en suivant le Canal du Centre, la Saône, le Doubs et  le Rhin nous sommes allés faire le tour du Bodensee (ou Lac de Constance).

Deux amis cyclos de Balingen (ville du Wurtemberg jumelée avec Royan)  s’étaient joints à nous pour parcourir la rive autrichienne du Bodensee ; c’est de Balingen et en leur compagnie que nous sommes repartis en septembre 2012.

Le dimanche 9 septembre, donc, nous voilà partis sous la conduite de Gunther pour Donaueschingen où se trouve la source « officielle » du Danube. Pour le premier jour, nous n’avions pas nos sacoches que Renate, son épouse, allait nous « livrer » le soir. Au menu : 70 km bien bosselés entre Jura Souabe et Forêt Noire, souvent à travers bois par des pistes qui ne feraient pas le bonheur du ROC-Cyclo, notre club FFCT. Une journée assez difficile, donc : je doutais avant-même d’être vraiment partie…


Ils étaient encore deux avec nous le lendemain jusqu’à Sigmaringen (95 km), puis ils sont rentrés chez eux par le train et nous avons continué notre bonhomme de chemin sans escorte. Les 19 et 20 septembre, nous étions à Vienne et le 24, nous arrivions à Budapest avec 1400 km au compteur, 15 nuitées dont 14 sous la tente.

L’itinéraire

De Donaueschingen à Budapest, si nous n’avons pas toujours roulé au bord du Danube,  je ne crois pas que nous ne nous en soyons jamais trouvés à plus de 5 km. Mais, alors que l’an dernier, le long des canaux, nous avions ressenti une certaine monotonie, au bord du Danube, quel festival de villes historiques, que de châteaux : Ulm, Ingolstadt, Regensburg, Passau en Allemagne, Linz et Vienne en Autriche, Bratislava (Slovaquie), pour finir en Hongrie avec Estergom et « la perle du Danube », Budapest la magnifique. Les coteaux de la rive Nord, bénéficiant d’une exposition exceptionnelle, constituent une véritable riviera le long de laquelle des villages coquets et de jolies petites villes d’architecture traditionnelle se mirent dans les eaux toujours calmes et souvent bleues du « beau Danube ». Depuis l’Empire Romain qu’il séparait des Barbares, le Danube a toujours joué le rôle de frontière : il en garde sur les hauteurs de ses rives des chapelets de donjons, forteresses, buttes médiévales, vestiges antiques – et fantaisies modernes : n’avons-nous pas aperçu un temple grec dans le ciel, parmi les frondaisons, en haut d’un coteau ?


L’organisation du voyage

Rien de plus simple à organiser qu’un voyage en cyclo-camping : en théorie, « on emporte tout ce qu’il faut et on improvise ! »

En fait, à moins de faire une boucle autour de chez soi, il faut bien programmer  l’approche et le retour. L’approche en voiture n’est pas la solution la plus écologique mais, vu la difficulté à voyager dans les trains français avec un vélo chargé, c’est de loin la plus confortable (je n’ai encore jamais tâté de l’avion). Nous pouvions laisser la voiture à Balingen à condition de rajouter une étape au périple, il n’y avait pas à hésiter. Pour revenir de Budapest à Balingen, nous avons d’abord pris le dernier hydroglisseur de la saison jusqu’à Vienne, puis le train (avec changements à Linz, Passau, Munich, Stuttgart) jusqu’à Balingen. Tout cela imposait de réserver les places (non pour nous mais pour les vélos), donc limitait l’improvisation.


Il fallait aussi faire coïncider les étapes avec les terrains de camping, ce qui ne laissait pas toujours beaucoup de choix ; et quand nous traversions une jolie ville, l’idéal était d’y arriver en fin de matinée pour explorer les restaurants en même temps que le centre-ville. Deux jours étaient réservés à la visite de Vienne et autant pour Budapest, ce qui constituait un délai de grâce en cas de retard, mais quelle frustration si nous n’avions pas eu le temps de nous promener dans ces deux capitales !

Rouler et camper en septembre…

La difficulté, à cette saison, c’est qu’il peut faire très chaud ou très froid, très sec ou très mouillé ; que les magasins qui vivent du tourisme liquident les restes mais ne réapprovisionnent plus ; que nombre d’échoppes et de guinguettes ont fini leur saison. La seule certitude, c’est qu’il vaut mieux ne compter que sur soi et ne rien oublier…Ainsi, ma pompe ne fournit guère, dans les moments difficiles, qu’un réconfort moral ; mais quand Jacques a perdu une pièce vitale de la sienne, nous avons bien dû pendant trois jours nous en contenter et craindre la crevaison. Autre exemple : le gaz pour le réchaud. J’ai pu renouveler sans attendre la panne, mais nous avons croisé un couple qui avait dû s’en passer pendant plus d’une semaine ! Or, une boisson chaude, c’est bien le réconfort minimum quand l’automne s’approche !47.derrière les barreaux à Tahitatfalu

Une autre certitude, c’est que les nuits seront fraîches et la condensation importante ; il est impératif de disposer d’une tente trois saisons, avec un habitacle bien fermé sous le double toit, de matelas bien isolants et de bons duvets ; en Autriche, une couverture supplémentaire n’aurait pas été un luxe, quand il faisait 8° au matin, sur mon oreiller .

Chaque matin, la condensation nous obligeait à sécher la tente avant de boucler les sacoches ; nous ne sommes jamais partis avant 9 h45.

…et se nourrir en voyage

Nous déjeunions sur la route de ce que proposaient les circonstances, du Kebab à l’omelette aux girolles ou à l’escalope viennoise. Mais il nous est arrivé de ne trouver ni gasthaus ni kebab ni boulangerie : dans ce cas, une seule solution, plonger dans le kit de survie ; ainsi, dans un village de Slovaquie, nous avons festoyé d’un « Petit Saintongeais », un saucisson sec retrouvé à point nommé dans mes besaces où depuis Royan il attendait son heure de gloire.

Le soir, par commodité autant que par économie, nous dînions le plus souvent au camp : un bol de soupe instantanée sitôt arrivés vers 18h  puis, après le tintouin du quotidien (installation, lessive, douche…) un vrai repas « à la française » avec des produits germaniques, dont certains obtenus par « glanage » : des pommes, d’excellentes prunes violettes et même de petites pommes de terre ramassées dans un champ où la « moissonneuse à patates » les avait dédaignées. Les fromages étaient désespérants.


Dans mes besaces, il y avait toujours un stock de sachets de soupe instantanée, de purée, de couscous (le meilleur rapport calories/poids), boîtes de thon, miel, confiture, beurre, huile, jus de citron, thé, lait en poudre et du pain pour une journée au moins. Sans oublier le « matos » : réchaud, popote ultra légère en titane, poêle à frire, écuelles, gobelets, poches à eau, cartouche de gaz de rechange. Jacques porte la chambre et moi, la cuisine.

Et l’approvisionnement ? Cela n’a pas toujours été simple ! En Allemagne et en Autriche, mystérieusement, la piste vous conduit de gasthaus en restaurant, mais on croirait qu’il n’y a pas de supermarché dans ce pays : il faut bien rentabiliser la piste ! En Slovaquie où nous n’avons fait que passer brièvement, ne pas oublier  son saucisson ; peu de pistes et plein de supermarchés en Hongrie, mais il fallait interpréter les étiquettes ! ainsi, Jacques s’est retrouvé avec du lait en poudre tout pur au lieu du cappucino espéré, mais dans l’ensemble, les surprises étaient plutôt amusantes et nos amis de Balingen, au retour, ont fait en sorte de compenser le jeûne très relatif de certains jours.

Les pistesDSCF0077 (Copier)

Relier l’Atlantique à la Mer Noire en traversant 10 pays, c’est une sacrée entreprise et les conditions de circulation ne sont pas partout les mêmes.

En Allemagne et en Autriche, on peut dire que nous étions sur l’EV6-canal historique. La densité des pistes cyclables en Allemagne est étonnante ; imagine-t-on en France qu’on puisse avoir à se déterminer, à un carrefour, entre plusieurs pistes cyclables ?

Le balisage est explicite et sans faille et, ô divine surprise ! aux intersections les cyclistes sont prioritaires ; une priorité que personne ne discute ni ne cherche à zapper ; à tel point qu’en hésitant à un carrefour, comme aucune voiture ne couperait la route à des cyclistes même arrêtés, on risque de provoquer un embouteillage !

Autre preuve de la considération que l’on a pour les cyclistes : les ponts sur le Danube, fleuve large et navigable, sont très hauts ; pour permettre aux cyclistes de passer sans souffrance ni détour de la piste sur berge à la passerelle cyclable, certains ponts ont été équipés de rampes d’accès en spirale, pas commodes à photographier mais réellement confortables.

Les pistes peuvent avoir un tracé spécifique ou doubler une route ; assez rarement elles se réduisent à une bande sécurisée, sauf dans les agglomérations ; là, ça se complique : la piste passe allègrement de la chaussée au trottoir droit, puis gauche, puis chaussée partagée, puis de nouveau trottoir… aïe ! pas de bateau ? je ne suis donc pas sur la piste, mais où est-elle passée ? et pendant que nous nous abîmons dans la perplexité, les cyclistes du cru nous dépassent, bzoum, bzoum, avec une détermination toute germanique ; je me sentais comme une deux-chevaux qui cherche à déboîter sur une autoroute. Pourtant, ce ne sont pas des vélos « de course » qui circulent sur ces pistes, nous n’en avons pas rencontré un seul. Nous en avons vite compris la raison: hors agglomération, souvent, les pistes ne sont  pas asphaltées ; autant dire que nos jolis vélos « de club » y feraient figure d’aimables gadgets … Bien sûr, ce n’est pas très roulant et, compte-tenu du poids des vélos chargés, on a intérêt à bien choisir sa « ligne » dans les pentes et les virages et surtout les virages en pente, Jacques en a fait l’expérience. Nous croisions donc des foules de vélos rustiques, avec des pneus de 28 mm au moins, garde-boue et porte-bagage, toujours lancés à fond de train.


En Slovaquie et en Hongrie, le balisage disparaît presque totalement et les pistes cyclables, plus rares, font penser aux pires chemins du Pays Royannais. La circulation sur les routes est heureusement assez faible (sauf à Budapest) mais il est très net que les radars et  la sécurité routière n’ont pas encore franchi ce qui fut le Rideau de Fer.

Le relief

Nous voyagions le long du Danube, fleuve lent et calme ; donc, sans surprise, en terrain plat. Cependant, sur les 2 800 km qu’il parcourt, le fleuve longe des massifs montagneux et se faufile dans des verrous ; dans ces zones escarpées, la piste s’écarte et part à l’assaut des coteaux, au détour d’un virage, sans préavis : j’ai relevé des pentes (brèves, heureusement) allant jusqu’à 24% ! D’autres fois, la piste s’élève plus calmement à flanc de colline pour nous faire traverser un beau village, contourner un château, découvrir un panorama : du point de vue touristique, le tracé de l’EV6 est remarquable, il suffit de le suivre pour ne rien perdre des monuments, villes et paysages.


Terrasses et « gasthaus »

La création de l’EV6 a été un investissement dont  les retombées économiques sont manifestes : le parcours est jalonné de gasthaus, buvettes et bistros de toute sorte où l’on peut à toute heure boire une bière ou un apfelsaft chorle (jus de pomme allongé à l’eau gazeuse, parfait pour le cyclo) et manger une saucisse ou un gâteau ; ou encore emprunter des outils pour résoudre un problème mécanique. En septembre, ces terrasses n’étaient jamais désertes, même celles qui ne sont accessibles que par la piste, et si sympathiques qu’il était parfois impossible de ne pas répondre à leur appel… Les terrains de camping sont également sur le bord de la piste et dépendent souvent de l’une de ces gasthaus.

 

Le beau Danube couleur du ciel

L’enfance d’un fleuve

A Donaueschingen (alt.677 m), dans la Forêt Noire, on peut voir en contrebas du château, la source « officielle » du Danube : un bassin glougloutant avec ferronneries, statue allégorique et pièces de monnaies, œuvre du XIXème siècle. Selon les géographes, il s’agit en fait d’une résurgence de la Brigach, qui  se jette dans la Breg, qui prend alors le nom de Danube. Donc, le fleuve parcourt 2 875 km ou  3 019 km selon la source considérée. En Allemagne, tous les 200 m, des bornes jalonnent les berges : 2 846 km 400 m, 2 846 km et 200 m, 2846 km : chouette, on est presque arrivés !


Hésitations

5. ...puis disparait40 km plus loin, devenu une jolie petite rivière, le Danube donne une autre preuve de son caractère facétieux : voilà qu’il disparaît dans le sol ; en septembre, il ne restait plus qu’un lit de galets et quelques flaques. Le plus étonnant, c’est que les eaux souterraines vont rejoindre le bassin du Rhin et finir dans la Mer du Nord alors que celles de la surface, quand il en reste, s’écouleront dans la Mer Noire.

Puis il grossit rapidement, sort de la montagne, s’installe confortablement dans la plaine : nous pédalons entre labours, herbages et champs de maïs ; le lendemain, ce sont des étangs et des bois meurtris par une tempête récente, d’ailleurs le vent nous pousse, nous fuyons devant l’orage ; puis un chemin de hâlage jonché de branches, la tempête nous ayant dépassés au cours de la nuit ; puis de nouveau les maïs, les labours, les herbages.

Gorges et montagnes

Finies les bosses ? Voici qu’elles réapparaissent sur la rive Nord, la piste monte à 10%, et même 14% : nous ne pourrons rien manquer des panoramas ni des châteaux qui coiffent ces collines. Après Ingolstadt (nous avons parcouru 400 km depuis la source), le Danube rentre le ventre pour se faufiler entre deux massifs et la piste s’arrête en cul-de-sac après l’abbaye de Weltenburg. C’était prévu ! Nous sommes à l’entrée de 8 km de gorges que nous allons parcourir en bateau jusqu’à Kelheim. Spectacle grandiose que ce ruban d’eau calme et profonde qui serpente entre des parois verticales, ces cathédrales de pierre et d’eau qui s’ouvrent au détour de chaque rocher.


Puis les montagnes s’écartent, puis elles reviennent ; à l’entrée en Autriche, le fleuve se faufile en terrain dur entre le plateau de Bohême et le piémont alpin, hautes collines (ou petites montagnes ?) bien escarpées et couvertes de forêts, tantôt sapins, tantôt feuillus ;  un barrage en aval coupe le courant, la dénivellation est quasi nulle de Passau à Linz. Nous avions l’impression de longer un lac de montagne aux eaux d’un beau vert profond sous le ciel bleu voilé. On aurait pu être dans le Jura, ou quelque part au Canada…Et à chaque boucle un autre plan se dévoilait, toujours aussi sauvage et mystérieux.  Un lac à la forme compliquée : ne pouvant venir à bout d’un massif de granite, le Danube le contourne en formant un S qui défie les règles de la géologie ; comme si le Rhône se mettait à couler vers le Nord avant de reprendre sa route vers le sud ! Ce fleuve est décidément bien facétieux.

Pas de ponts dans ce secteur mais de petits bacs à chaîne pour passer d’une rive à l’autre, et à proximité de chaque embarcadère des auberges pour faire connaissance avec les poissons du Danube ; la truite que j’ai « rencontrée » dans l’une de ces gasthaus constitue, avec le Tokay de Hongrie, la principale émotion gastronomique du voyage.

Le géant d’eau

Après Linz et son barrage, nous avons roulé sur des chemins de halage, des sentiers agréables fréquentés par de nombreux randonneurs cyclistes ou piétons. Les petits affluents sont très nombreux, les bras morts aussi. Ils abritent de petits ports de plaisance, des terrains de camping privés leur font pendant sur la rive : caravanes fixes, petits chalets, tout est fleuri, coquet, avec tous les bidules qui peuvent agrémenter un petit jardin : Côté décoration, le goût autrichien n’est pas à la sobriété.

Après Vienne les montagnes se sont définitivement éloignées, nous étions au bord d’un énorme fleuve aménagé et fréquenté par des trains de péniches géantes. Nous n’avions plus d’autres pentes à gravir que celles des levées. En effet, le Danube n’est pas, comme la Loire, « un grand fleuve sauvage » : ses berges sont stabilisées par des levées dans les zones basses, son cours est régulé, sa puissance exploitée.


Dans le cours supérieur, il y a de nombreux petits barrages hydroélectriques, souvent couplés avec des centrales thermiques. Le fleuve devenu navigable, les barrages sont plus gros et moins nombreux : il n’y en a que deux entre Vienne et Budapest, mais ils ont nécessité l’aménagement de la quasi-totalité des berges.

Ces barrages ne sont pas hauts, encore a-t-il fallu créer une dénivellation. En effet, on ne noie pas une plaine pour réaliser une retenue –  en Autriche ou en Hongrie du moins ; j’ai ouï dire que plus en aval, on n’a pas eu tant de délicatesse à l’égard des populations. Nous avons eu tout loisir d’observer la disposition des levées en amont de l’énorme barrage de Gabcikovo, sur une ligne droite de 27 km… Cette levée rectiligne semble faire la part du feu, ou plutôt du fleuve en lui abandonnant une bande de terrain de quelques centaines de mètres classée « parc naturel ».  Elle paraît haute (30 mètres ?) une autre levée moins haute la double du côté opposé au fleuve, invisible pour l’instant. Quelques dizaines de kilomètres plus loin nous avons retrouvé le fleuve ; surprise : il coule à notre niveau ; du côté opposé au fleuve,  la seconde digue, les peupliers et les cultures sont en contrebas : du bateau que nous avons pris au retour on ne voyait que la pointe des clochers et la cime des arbres. Parvenus à Gabcikovo, nous avons pu rouler sur le barrage et observer les écluses, aussi démesurées que le reste. C’était un samedi, un public nombreux regardait une compétition de rafting qui se déroulait dans les turbulences de l’eau rejetée dans un bras mort par les turbines  de la centrale hydro-électrique.

Changement de décor après le barrage : le fleuve s’étale tranquillement, les levées sont modestes ou inexistantes. A Estergom (Hongrie) nous avons assisté à une compétition d’off-shore, ces bateaux-bolides sur-motorisés avec lesquels on se tue encore mieux qu’en formule 1. La course se déroulait côté Slovaquie, les spectateurs ne manquaient pas sur la rive Hongroise. Dire que je croyais que ces bolides ne se rencontraient qu’à Monaco ou en Californie !


Nous sommes arrivés à Budapest par une rive basse et marécageuse, sous de grands arbres aux racines déchaussées, on se serait cru dans la mangrove au milieu des palétuviers.

Nous avons souvent campé au bord du Danube, une fois même en plein désert d’eau, entre le fleuve et des étangs ; nous l’avons vu gris ou noir ou bleu selon la couleur du ciel, vert entre les montagnes, blanc dans la brume du soleil levant, empourpré au couchant ; timide rivière cachée sous les herbes ou avalée par le sol sous les galets, presque lac au pied des versants boisés, fleuve géant endormi sous le ventre des chalands et des bateaux-hôtels ; toujours calme, paradis des pêcheurs à la ligne. A Budapest, il est devenu notre moyen de transport : le bateau-bus nous menait (avec nos vélos) en centre-ville ; nous en sommes repartis en hydroglisseur,  embarcation plus proche de l’avion que du bateau de croisière, qui nous a ramenés à Vienne en 6 heures. Il arrose 10 pays, nous en avons traversé 4.

 

Des pays et des villes

Frontières

On passe d’Allemagne en Autriche sans même s’en apercevoir ; tout au plus, davantage de gasthaus et de randonneurs, des apfelstrudel (gâteaux aux pommes dont je raffole) dans les pâtisseries et moins de facilité pour se faire comprendre en anglais ; heureusement, Jacques se débrouille en allemand.


Sur la véloroute rien ne matérialise les frontières. Quand on entre en Slovaquie par les levées le paysage ne change pas vraiment : herbages, labours, maïs, bois ; mais les champs sont immenses et on n’aperçoit  plus d’habitations dispersées, de villages : le pays semble désert. Quand on découvre enfin un village, c’est un choc. Les coquettes maisons aux façades peintes en jaune, rose, vert pâle, toutes les sculptures, moulures et autres décors de la pâtisserie baroque ont disparu, les maisons sont uniformément grises, laides, décrépites ; quand une bâtisse plus ancienne garde le souvenir d’un sourire du passé, l’état de délabrement la rend encore plus triste. Les vastes bâtiments des fermes collectives de l’ère communiste semblent abandonnés, nous n’en avons vu qu’une seule en état manifeste d’activité, ce qui n’empêche pas les champs d’être bien travaillés. Des jardins rapidement aperçus entre l’arrière des maisons et les levées semblaient un ilot de prospérité ; alors que noix, pommes, noisettes, prunes restaient à terre sous les arbres en Allemagne et en Autriche, en Slovaquie et en Hongrie tout était ramassé: d’autres glaneurs étaient passés avant nous…nous nous sommes arrêtés dans un village où, selon notre road-book , on pouvait déjeuner ; à notre demande par gestes (pas moyen de se faire comprendre autrement), la patronne du bistro a répondu par une sorte de grognement manifestement négatif ; accueil plus gracieux mais tout aussi négatif dans l’autre café du village : c’est ce jour-là que le Petit Saintongeais est sorti de ma besace. Dans le village suivant, surprise : un supermarché Coop ! oui, mais on était samedi, c’était fermé.


Pour ne pas mourir de faim, nous sommes entrés en Hongrie en franchissant le Danube à Komarno ; la rive Nord est slovaque (Komarno), la rive Sud est hongroise (Komarom ). Un hypermarché est installé au débouché du pont ; et tout le long de la route, nous avons trouvé des supérettes, de petits et gros commerces, restaurants etc, ouverts tous les jours (y compris le dimanche) de 6 heures à 20 heures. Dans la galerie marchande de l’hypermarché nous avons trouvé un bureau de change ; en effet, à la différence de la Slovaquie, la Hongrie n’est pas entrée dans la zone euro : les prix sont en forints, avec un taux de change impossible à calculer de tête. Dans les villages de Hongrie aussi, beaucoup de maisons sont délabrées ; elles sont d’ailleurs construites sur le même modèle que de l’autre côté du Danube. Pourtant, on sent tout de suite qu’on a changé de pays.

Un chapelet de villes

A la fois frontière et axe de communication, un grand fleuve navigable comme le Danube stimule le commerce et favorise l’urbanisation. De fait, outre trois capitales (Vienne, Bratislava, Budapest), nous avons parcouru tout un chapelet de jolies villes de moyenne importance.

Ulm

Ulm, par exemple, à la limite du Wurtemberg et de la Bavière : La ville basse, au bord du Danube, est protégée par un rempart de brique qui n’a pas découragé Napoléon d’attaquer par le fleuve. Un boulet  de canon encastré dans une façade toute proche en témoigne. Le quartier bas fait penser à la Petite France de Strasbourg, avec canaux, petits ponts et un labyrinthe de venelles entre les maisons à colombages disparaissant derrière les géraniums. Une rue en pente ou quelques escaliers plus haut, nous voici au pied de la célèbre cathédrale, une curiosité par ses dimensions énormes : le plus haut clocher du monde : 161,53 mètres, 768 marches ! Tellement haut qu’on ne peut pas le photographier faute de recul ! Style gothique flamboyant, et même hyper-flamboyant ; les dentelle de pierre des clochetons et des ouvertures jouent avec la lumière. A l’intérieur, les grandes orgues sont dans les mêmes proportions ; une main invisible était en train de régler les notes les plus aigües: nous avons dû nous enfuir pour sauver nos tympans. Sur le parvis se tenait un marché coloré et appétissant : beaucoup de fleurs et de plantes, des citrouilles, potirons, coloquintes de tout poil, légumes et produits frais. Nous y avons acheté d’excellents fromages, trop vite épuisés ! et des saucisses presque immangeables tant elles étaient relevées. Il était midi, les gens faisaient la queue pour acheterdes saucisses grillées à manger sur le pouce avec un petit pain.


D’Ulm à Vienne

Le lendemain nous avons déjeuné à Donauworth, charmante petite cité avec remparts de brique, tour ronde et sentiers entre les jardins ; le jour suivant à Ingolstadt, autre ville plus que millénaire au passé tourmenté, avec de vieux quartiers, des monuments historiques et de l’espace pour les terrasses des cafés ; une journée encore et nous sommes à Regensburg  (alias Ratisbonne) dont les quartiers anciens sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. La vieille ville est établie sur la rive haute du Danube, le terrain plat y est très rare, les monuments semblent empilés ; nous avons déambulé avec plaisir sur le vieux pont et dans les rues pittoresques, et nous sommes restés ébahis, sur une place, à regarder officier un laveur de vélos ! Pour 8,70 € la « victime » a d’abord droit à un bain dans un caisson où des brosses rotatives vont la décrasser énergiquement ;  elle est ensuite fixée plus classiquement à une potence pour les finitions. Ce stand donne  une idée des retombées économiques de l’Eurovélo 6 …Encore une journée et nous étions à Passau (dont je reparlerai), puis en Autriche  à Linz le lendemain, à Melk le jour suivant et enfin à Vienne après 1008 km et 11 jours de voyage.


Vienne

Vienne ! à l’aller, nous avons laissé les vélos au camp et utilisé les transports publics ; pendant une grande journée, nous avons visité méthodiquement le centre historique (le Ring), l’opéra, la cathédrale, le palais de Schönbrunn…Partout où il y a des touristes, des jeunes gens en perruque et costume du XVIIIème siècle proposent des places pour les concerts du soir : nous sommes dans la ville de Mozart. Dans les cours du Rathauss et dans le vaste jardin public attenant, on s’affaire pour préparer des festivités : un grand spectacle hippique auquel doit participer la princesse de Monaco. Il est manifeste qu’on s’amuse bien à Vienne, mais ce soir-là, quand nous sommes revenus au camp, j’étais fourbue.

Nous avons encore passé 24 heures à Vienne au retour, entre le bateau et le train. Le plus difficile a été de se rendre de la gare fluviale à la Gare de l’Ouest ; nous avions un plan de ville mais aucune idée de l’échelle de ce plan. Or, Vienne est une ville immense, démesurée ; et ses habitants ont adapté leur perception des distances. Quand un Parisien vous dirait : « oh là là ! C’est à perpète ! », ils trouvent que « vous êtes presque arrivé, c’est juste au bout de la rue » ; détail : le bout de la rue est à trois ou quatre kilomètres…


Une fois (chèrement) logés, nous nous sommes rendus par le métro au Prater. Le film le cercle rouge en a fait un élément incontournable de la visite de la ville… Installée sur un ancien terrain de chasse de l’Empereur qui, à la fin du XVIIIème siècle, l’ouvrit à son peuple pour mieux l’avoir à l’œil, cette fête foraine permanente abrite, outre la célèbre grande roue, une incroyable profusion d’attractions plus délirantes les unes que les autres. Il y a bien sûr les habituelles machines à se faire peur « technologiques », mais surtout des palais de Dracula, trains fantômes, montagnes russes, squelettes et spectres à profusion. Les amateurs de sensations fortes tournent dans le ciel à une hauteur impressionnante  au bout de chaines  tendues à l’horizontale par la force centrifuge ; rien que de regarder, mes cheveux se dressaient sur ma tête ; en même temps j’admirais l’astucieuse rusticité du système qui n’a besoin que d’un bon treuil pour fonctionner, loin des débauches électriques de manèges plus récents.

A proximité de la gare, nous n’avons trouvé que des hôtels internationaux très chics et bien trop chers à notre goût ; mais quelle jouissance de déposer  les sacoches et la tente – agrémentées de 3 semaines de poussière  – sur un porte-manteaux  de velours rouge poussé par un groom en habit, ou de déballer les gamelles pour cuisiner le fricot dans notre chambre de luxe !

Nous avons quitté Vienne le 21 septembre; dans l’après-midi  nous arrivions à Bratislava, l’ancienne Presburg, capitale de l’actuelle Slovaquie ; de l’autre rive du Danube, nous en avons vu juste ce qu’il faut pour penser qu’elle mérite certainement une visite ; mais nos regard se portaient vers Budapest.

Budapest : la perle du Danube


La Hongrie ne donne pas, comme l’Allemagne et l’Autriche, une impression de prospérité : beaucoup de maisons délabrées, des infra structures minimales, peu de voitures… On n’en est que plus surpris quand on découvre, tout d’un coup, les ponts et les monuments de la ville historique. Par la navette fluviale, au petit matin, c’est un enchantement ; assez longtemps les rives du fleuve restent sauvages puis, au détour de l’Ile Elisabeth, on découvre la succession des ponts et le somptueux palais du Parlement, doublé de son reflet dans l’eau. C’est un vaste édifice gothique tardif, tout en ogives et en dentelles d’une pierre blanche qui resplendit au soleil. L’architecture en est aimable, aérienne, pas du tout sévère comme celle du Parliament de Londres auquel on peut être tenté de le comparer. D’autres monuments, des églises bordent le fleuve ou s’étagent sur les collines. Nous nous sommes promenés dans Buda, c’est-à-dire sur la rive Nord, d’abord dans d’élégantes rues de style Haussmannien (on y tourne des Maigret et autres films situés dans le Paris des années 50) puis sur la place des Héros, sorte de Champ de Mars du XXème siècle, avec monuments patriotiques, espaces verts, musées, et au bord de cette zone un incroyable bâtiment de verre qui défie toutes les règles de la verticale et de la symétrie. Nous apercevions, sur les hauteurs de la rive sud, un fort qui aurait bien mérité une visite, mais on était si bien à flâner dans Buda, et à découvrir l’humour hongrois! C’était la fin du cyclo-vagabondage, nous en prenions une dernière bouffée avant de songer à changer de rythme.


Nous sommes repartis le lendemain matin par voie fluviale ; malheureusement, de l’hydrofoil, on ne voit guère le paysage ; bien au chaud, calée dans mon fauteuil, j’ai dormi comme un loir.

 

Les surprises du voyage

Au cours d’un voyage, le risque de surprise est inversement proportionnel à la précision de l’organisation ; ou proportionnel à la place laissée à l’improvisation, cela revient au même ; nous ne pouvions donc manquer d’éprouver  quelques surprises…

La Jugend Alberghe de Passau : le repos ascensionnel

La plus drôle, et qui ne nous a pas tellement fait rire sur le moment, c’est notre nuit de « repos » à Passau, à l’aller. Pensant qu’au bout d’une semaine nous serions heureux de dormir dans un vrai lit et de disposer d’une buanderie, Jacques avait réservé la nuitée en Auberge de Jeunesse. Nous voilà donc à la recherche de cet établissement. Le fléchage est abondant ; parfait, allons déposer le matériel, on pourra visiter tranquillement et dîner en ville ! Passau est installée au confluent du Danube avec l’Inn et l’Ill que sépare un éperon rocheux couronné d’un château de haute époque ; nouveau panneau : en vélo, première à gauche ; puis, juste après l’embranchement , un autre nous avertit : déclivité à 22% !!!. Nous étions au pied d’une rampe d’un bon kilomètre, couverte de pavés arrondis et disjoints, humides et bien glissants de surcroît. J’étais presque couchée sur la chaussée pour pousser 27. Passau vu du chateauma bécane, j’ai bien cru ne jamais arriver. Parvenus en haut du coteau, nous devions redescendre sur l’autre versant pour entrer par le haut dans l’enceinte fortifiée ; après la vieille porte, descendre (toujours les pavés, toujours la pente) pour trouver l’accueil ; nantis de la clé du local, remonter pour garer les vélos près du rempart… « prenez vos draps à l’étage en dessous ; votre chambre est au 3ème ; pour la lessive, remontez la rue, prochaine porte, c’est au 5ème étage. Diner ? Ah non, il est trop tard, le service s’achève à 18 heures. » Il a encore fallu parlementer (et payer un supplément) pour ne pas se trouver dans deux chambres différentes ; Jacques a monté les 5 étages une première fois pour mettre le linge dans la machine, puis une deuxième fois pour l’en retirer, mais il a craqué pour le séchage : nous sommes donc repartis le lendemain sans avoir visité Passau (repas-sardines dans la chambre) avec du linge mouillé étalé sur les porte-bagages et en prime les mollets comme des bûches ; et un souvenir inoubliable de Passau !

Nuit au calme à Rajka 1267 (Copier)

Autant le balisage des pistes et de toutes les commodités (camping, restaurants, vélocistes) est abondant en Autriche et en Allemagne, autant il devient rare en Slovaquie et en Hongrie ; nous étions donc bien contents, le 21 septembre, de n’être pas passés devant notre camping sans le voir : il faut dire qu’en l’absence d’autres campeurs, le risque existait ! Le terrain comportait une dizaine de petits chalets de bois et une grande terrasse/bistro couverte. Le gardien nous accueille, nous fait des croque-monsieur puis s’en va en nous souhaitant bonne nuit : « aucun des chalets n’est occupé, vous allez être bien tranquilles ». Nous installons la tente au plus près de la terrasse, finissons de dîner et de faire le petit tintouin du soir (vaisselle, lessive, douche, journal de bord, courrier ou téléphone …) en nous félicitant du confort et du calme du lieu. Calme très provisoire ! Voici que s’approche une voiture, vomissant de la musique plein pot ; puis une autre, et encore d’autres ; pour finir, la francophone du groupe vient expliquer qu’elle accompagne 30 personnes, qu’ils ont loué tous les chalets et viennent ici pour faire la fête. Nous avons bravement essayé de résister : le mélange rock-disco-musique slave n’était d’ailleurs pas désagréable. Mais le ton montait …nous avons fini par capituler en voyant arriver les caisses de bière et les alcools sur les tables. Par chance, le camp comportait, de l’autre côté de la route, une bande de terrain « sous les arbres, en pleine nature », que nous avait signalée le gardien. Loupiote au front dans la nuit noire, moitié râlant, moitié rigolant, nous avons donc rebouclé les sacoches, arraché les sardines et évacué  la tente vers ce havre providentiel.

 

A Tahitatfalu (Hongrie), on fait le mur !

Deux jours plus tard, encore un camping à surprise et une expérience inattendue.41. on nous observe...

Même jeu : nous arrivons sur un terrain vide, le gardien nous accueille, nous faisons un brin de causette, nous nous installons. Puis nous partons à pied pour aller dîner dans un restaurant tout proche que le gardien venait de nous indiquer. Surprise ! une chaine fermée par un cadenas condamne la grille. Impossible de trouver le gardien, il ne dort apparemment pas ici. Nous avons longuement cherché une brèche dans la clôture…la famine menaçait ! Nous avons fini par nous évader entre deux barreaux (tordus) d’une autre grille ; comme la belette de la fable, Jacques a failli ne pas pouvoir rentrer, il avait sans doute trop bien dîné ! Le lendemain, le gardien nous a regardés avec pitié : bien sûr qu’il y avait une chaine, et un cadenas, mais… le cadenas ne ferme pas, voyons !

C’est un fait,  nous n’avions pas vérifié.

Le bateau-bus diabolique.

A Budapest, le premier jour, nous avons pris nos vélos pour aller visiter la ville. Il est clair que  l’EV6-canal historique s’arrête à l’entrée de la ville : entre le sentier boueux sur la berge et la piste en gymkhana de chaussée en trottoir et de passerelle en quai de gare, entrer en ville n’est pas commode; franchir le Danube encore moins. Le lendemain, mieux renseignés, nous avons emprunté un bateau-bus – sans pour autant nous séparer de nos fidèles coursiers. Bien nous en prit ! à l’aller, pas d’erreur possible  puisque nous partions d’un terminus pour aller en centre-ville ; au retour, il ne fallait pas se tromper de ligne. D’un geste plein d’autorité, l’employé auprès duquel nous avions tenté de vérifier nous a fait signe d’embarquer et le bateau est parti… dans la mauvaise direction. A chaque station, le marinier nous faisait comprendre que nous ne devions pas encore descendre : nous croyions naïvement que la ligne était en boucle ! En fait, il nous faisait visiter  le Sud de la ville tout en rejoignant son mouillage pour la nuit ; puisque nous avions nos vélos… c’est ainsi que notre visite ne s’est pas limitée aux quartiers fréquentés par les touristes.

La Fête de la Bière dans le train.

Notre retour de Budapest à Balingen (où nous attendait la voiture) s’est fait en 3 segments : Budapest – Vienne en bateau le mercredi 26 septembre ; Vienne – Linz – Passau par le train le jeudi 27 ; Passau – Munich – Stuttgart – Balingen  par le train le vendredi 28 septembre.

Or, le vendredi 28 septembre, c’était aussi le début de la fameuse Oktober Fast, la fête de la bière, dont Munich est la capitale incontestée. Nous l’avons tout de suite deviné en arrivant à la gare ! Le train était plein de joyeux fêtards en costume bavarois très occupés, dès le matin, à s’échauffer pour la soirée : les chopines circulaient vite et se renouvelaient souvent. Le train n’en finissait pas de redémarrer à chaque station. Quand j’ai aperçu le plus gros titre du journal de mon voisin : Oktober Fest Chaos im das Deutsch-Bahn, j’ai deviné qu’il y avait lieu de s’inquiéter : avec nos vélos  et leur harnachement , nous n’avions que 10 minutes pour changer de train !

Arrivés à Munich (en retard), un jeune fêtard polyglotte à la voix puissante s’est chargé de faire libérer le passage : les gens se sont gentiment écartés devant nous mais…pas les casiers à bouteilles (vides) !

Par chance, le train pour Stuttgart était également  en retard. Je ne me souviens plus à quel changement nous avons dû sprinter  sur nos vélos pour remonter le quai in extremis. Même en Allemagne, où le vélo est roi, voyager par le train avec sa bécane est un sport plein de surprises et d’émotions.

Conclusion

L’an dernier,  à Dole (Jura), nous avions éclaté de rire devant un panneau directionnel  à l’usage des cyclistes :  » Budapest  par centre historique ».

Voilà, c’est fait.1 à Dole du Jura, on y croit Je ne sais pas si nous repartirons sur l’EV6 : ce qu’il nous reste à faire est certainement plus aventureux, dans des pays pauvres et meurtris par les turbulences du XXème siècle. On verra !

Mais ce qui est fait est bien fait : avec ce voyage tout en douceur au long du fleuve, tantôt champêtre, tantôt technologique, tantôt urbain, historique, culturel, en dépit de quelques nuits frisquettes et quelques repas tristounets, quel beau mois de septembre nous avons passé !

 

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